La variole du singe se propage dans les quatre coins de la terre et attire l’attention des scientifiques du monde entier, même si la maladie est annoncée comme étant bénigne. L’Organisation mondiale de la Santé a tout de même lancé l’alerte, appelant à la vigilance.
Outre le Coronavirus, le monde entier suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la variole du singe. Alors que 127 cas suspectés ou confirmés ont été répertoriés dans une dizaine de pays en Occident, dont la France, l’Australie, le Portugal ou le Canada, le directeur de l’OMS pour l’Europe, Hans Kluge, a dit craindre que « la transmission s’accélère », au moment où « nous entrons dans la saison estivale », ponctuée de rassemblements, de festivals et de soirées. Une forte promiscuité qui pourrait être lourde de conséquences, alerte l’institution.
Yannick Simonin, virologiste à l’Inserm et l’université de Montpellier, spécialiste des virus émergents, a confié au HuffPost que ce qui semble atypique aujourd’hui, « c'est l’apparition de plusieurs cas dans différents pays simultanément. Les données préliminaires font penser à une transmission entre humains plus importante que ce que l’on observait » par le passé. Ce qui inquiète les scientifiques, c’est cette accumulation de cas dans divers pays très éloignés, notamment au Portugal, au Canada, en Australie.
« Ces clusters en dehors d’Afrique pourraient être favorisés par le retour à la normale du trafic aérien après la Covid, particulièrement dans les échanges entre l’Afrique et l’Europe. C’est peut-être l’hypothèse la plus probable », estime le scientifique. Appelant à « se garder de tirer des conclusions hâtives, dans un sens comme dans l’autre », Yannick Simonin pense que « ces clusters peuvent être simplement le résultat d’un événement super propagateur unique. Ils pourraient également montrer que nous suivons vraiment mal cette maladie en Afrique et que l’humanité y est plus vulnérable que prévu ».
Un virus sexuellement transmissible ?
Selon M. Simonin, « la situation actuelle pourrait aussi être due à une nouvelle version du virus de la variole du singe, plus contagieuse ». Un virus dont la propagation se ferait davantage par contact sexuel. Elena Andradas, directrice de la santé publique à Madrid, en Espagne, explique particulièrement que sur les 23 cas recensés, les 22 ont entretenu des relations sexuelles, ces dernières semaines. David Heymann, épidémiologiste américain spécialiste des maladies infectieuses et expert en santé publique travaillant pour l’OMS, a, selon Reuters, alerté que « le virus semble actuellement se transmettre comme une infection sexuellement transmissible, ce qui a décuplé sa transmission autour du monde ».
Le technicien en santé recommande aux personnes qui pensent avoir été exposées au virus ou qui présentent des symptômes, comme de la fièvre ou une éruption cutanée, de ne pas entretenir de contacts étroits avec les autres. Les cas suspects étant appelés à s’isoler, limiter les interactions sociales et surveiller leurs symptômes. Découvert dans les années 50, la maladie circule activement dans certains pays d’Afrique depuis des décennies. Souvent bénigne, la variole du singe peut parfois entraîner des formes graves, et même la mort.
Ce qui rassure, comme le rappelle l’OMS, c’est que « la plupart des cas répertoriés en Europe sont légers pour le moment ». Surtout que le vaccin contre la variole est très efficace contre la variole du singe et que « le virus n’est pas assez efficace pour se transmettre d’humain en humain à une échelle plus globale ». Ce qui fait que le foyer s’éteint de lui-même, selon les scientifiques. Il faut noter que chaque année, ce virus, qui circule majoritairement chez les rongeurs, touche des milliers de personnes en Afrique.
Par exemple, « depuis le début de l’année, en République Démocratie du Congo, on a dénombré 1 284 cas sur une quinzaine de provinces », ayant entraîné 58 décès, rappelle Yannick Simonin. Une maladie qui se propage pourtant très peu entre humains, car, selon les scientifiques, elle nécessite une forte charge virale ; ce qui suppose des contacts proches et prolongés. Rappelons que la variole du singe provoque une fièvre au-dessus de 38,5 degrés, des douleurs intenses à la tête, des courbatures, un gonflement des ganglions lymphatiques et d’une éruption cutanée qui débouche sur des pustules.